Goma, 25 janvier 2022 – Ils sont au total 22 enfants dont l’âge varie entre 9 et 14 ans, tous originaires de Mutongo, dans le groupement Ihana, territoire de Walikale au Nord-Kivu ; qui ont pris la décision de venir à Goma pour rencontrer des autorités provinciales afin de leur présenter la situation socio-sécuritaire qu’ils traversent dans leur zone.
« Nous pensons que personne ne plaide pour nous, c’est pourquoi nous sommes venus seuls, nous avions parcouru 150km, mais l’essentiel pour nous c’est de rencontrer le gouverneur militaire du Nord-Kivu », a expliqué un enfant de 10 ans au CNRJ-RDC.
En effet, depuis le mois de décembre 2021, les deux factions NDC-R (Nduma Defense of Congo-Rénové) s’affrontent dans la zone autour de Mutongo pour le contrôle de cette entité, très souvent ces affrontements sont suivis de pillage à grande échelle, des civils y compris ces enfants qui sont actuellement Goma, ont été forcés à cause des affrontements réguliers à abandonner leurs villages pour se cacher en brousse, où ils sont soumis aux intempéries.
« Nous sommes fatigués, très fatigués d’ailleurs de la guerre, depuis notre naissance nous n’avons jamais expérimenté la paix ; nous avions cru que l’Etat de siège va définitivement régler la situation sécuritaire de chez nous, mais cette situation s’est lamentablement dégradée, de groupes armés sont devenus de plus en plus forts, et ne sont inquiétés par personne », a déploré une fille de 11 ans auprès du CNRJ-RDC.
Un autre enfant de 12 ans a déclaré au CNRJ-RDC qu’à cause de cette guerre, « les cours ont été suspendus, nous ne pouvons plus aller à l’école pour étudier, nous craignons pour notre avenir ».
C’est depuis le vendredi 21 janvier 2022 que cette délégation des enfants de Mutongo séjourne à Goma, un enfant a témoigné que « dès notre arrivé à Goma ce vendredi-là, nous nous sommes directement dirigés au Gouvernorat de la province du Nord-Kivu, mais des policiers que nous avions retrouvés à la porte nous ont empêchés d’accéder même à la porte du Gouvernorat, un policier nous avait dit que « vous ne verrez pas le Gouverneur, le Gouverneur ne peut jamais vous recevoir », nous avions été très démoralisés mais des femmes qui nous ont accompagnés ont plaidé devant le policier, et après une grande négociation, ce policier a autorisé que seules ces femmes puissent entrer au secrétariat pour déposer notre mémorandum ; ainsi les 3 femmes qui nous ont accompagné depuis Mutongo ont pu accéder au secrétariat du Gouvernorat sans la moindre présence de nous les enfants, pourtant c’est plutôt nous les enfants qui avions à dire directement au Gouverneur ». Cet enfant reste optimiste, « nous ne pouvons pas quitter Goma sans rencontrer le Gouverneur », a-t-il conclu.
Le CNRJ-RDC (Cercle National de Réflexion sur la Jeunesse en RDC) appelle les autorités provinciales à apporter des réponses appropriées aux préoccupations de ces enfants, ils ont droit à une vie digne, à vivre dans un environnement sain, et à poursuivre leur cursus scolaire dans la normalité.
Ces enfants ne devraient pas demeurer des victimes innocentes à cause des conflits des adultes, les auteurs de ces atrocités devraient être traduits en justice, et les groupes armés, sans exception aucune, devraient être traqués ; a déclaré Jean Claude Buuma Mishiki, Président du CNRJ-RDC. Nous appelons les autorités tant nationales que provinciales à s’impliquer pour que ces enfants puissent bénéficier d’une protection, nous appelons aussi les humanitaires à apporter une assistance aux victimes de ces atrocités, a conclu Jean Claude Buuma Mishiki.
